Risque routier – Un enjeu encore sous-estimé par les entreprises

“Même si 63 % des entreprises interrogées savent que le risque routier est la première cause de mortalité au travail, il reste un enjeu majeur encore sous-estimé ».

C’est la conclusion d’une enquête réalisée par l’institut CSA pour l’assureur Allianz France auprès d’un échantillon d’entreprises dotées d’une flotte de plus de 5 véhicules.

Des initiatives de prévention réelles mais disparates et désordonnées

L’enquête démontre que les entreprises ne restent pas inactives face au risque routier. Plus précisément, 90 % suivent et entretiennent les véhicules, action jugée par elle la plus efficace en la matière ; 52 % mènent des actions de sensibilisation auprès de leurs salariés ;50 % ont mis en place une charte de bonne conduite au volant (concernant l’usage du téléphone, l’alcool), des procédures d’utilisation des véhicules ou de gestion des sinistres ; et 24 % ont instauré des actions de formation, principalement en salle mais aussi sous forme de stages de conduite. Les entreprises ne font donc nullement preuve de mauvaise volonté mais leurs actions en la matière sont souvent incomplètes et disparates. Or ces lacunes sont d’autant plus regrettables que, comme l’affirme Delphine Asseraf, responsable des questions de mobilité chez Allianz,“ la plupart des accidents pourraient être évités par des mesures de prévention efficaces”.

 Seuls 61 % des documents uniques réalisés incluent le risque routier

Ce déficit de formalisation et de hiérarchisation est bien renseigné par l’enquête. Si 77 % des entreprises consultées disposent bien d’un document unique d’évaluation des risques (DUER), seuls 61 % de ceux-ci intègrent le risque routier. De façon tout aussi préoccupante, seules 32 % d’entre elles ont mis en place un plan de prévention du risque routier (PPRR). Pour expliquer ces lacunes, les responsables interrogés invoquent un manque de temps (26 %), une méconnaissance du sujet (13 %) ou de son utilité (11 %). Pour François Sidos, Président de Pôle Prévention, “ces résultats confirment qu’un grand nombre d’entreprises ont un fort besoin d’accompagnement pour leurs démarches de prévention des risques”.

 Le coût du risque routier encore fortement sous-estimé

Selon Pierre Labarraque, directeur du département banque assurance chez CSA, “la prévention des risques routiers ne fait pas partie des priorités des entreprises françaises car elles n’ont pas connaissance des coûts réels engendrés par un sinistre routier”. En effet, selon l’enquête, 48 % des responsables interrogés n’ont pas connaissance de ce que représentent les coûts totaux des sinistres routiers pour leur société. Or, à l’échelle nationale, ces coûts sont exorbitants pour la société et l’économie françaises : l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr) a ainsi établi qu’en 2017, 134 personnes ont été tuées lors d’un déplacement lié au travail, soit 17 % de l’ensemble des victimes de la route. Et selon Allianz, cette même année, les accidents de la route professionnels ont occasionné la perte de 6,4 millions de journées de travail pour les entreprises françaises.

L’évaluation du risque routier : une obligation légale

“L’accident de mission est un accident qui se produit à l’occasion d’un déplacement nécessaire à l’exécution du travail. Selon l’article L.411-1 du Code de la Sécurité sociale, c’est un accident du travail. Pendant l’exécution de la mission, et bien que le salarié soit alors en dehors des locaux de l’entreprise, il existe toujours entre lui et son employeur un lien de subordination. Le risque routier pour le salarié en mission est un risque professionnel.

Comme tout risque professionnel, ce risque doit faire l’objet d’une évaluation. L’employeur est en effet tenu par le Code du travail de faire l’inventaire et l’évaluation des risques identifiés dans l’entreprise, risques qui seront inscrits dans un ‘document unique’ (articles L. 4121-3 et R. 4121-1 du Code du travail). Le risque routier doit être intégré dans ce document dès lors que les salariés de l’entreprise se déplacent pour raison professionnelle.” Extrait de la brochure“ Le risque routier en mission”, librement téléchargeable sur www.inrs.fr

Pour aller plus loin : “1er vague du baromètre prévention routière 2019 Allianz France-CSA”, 19/06/19, consultable sur www.csa.eu. Les entreprises qui souhaitent engager une démarche globale de gestion du risque routier professionnel peuvent contacter la SEPR (Société d’édition et de protection route) qui, depuis plus de 60 ans, conseille les entreprises en la matière : www.sepr-route.fr.