La Revue des conditions de travail : une nouvelle publication de l’Anact
« Il est possible de considérer les conditions de travail, non comme une contrainte imposée par l’environnement réglementaire, mais comme un potentiel d’engagement de chacun dans la transformation de l’organisation du travail. Dans cette perspective, les conditions de travail peuvent être légitimement inscrites dans les projets d’entreprises comme un élément central de mobilisation et d’implication collective. La performance et la cohésion des entreprises y gagneraient sûrement. » C’est par ces mots qu’Hervé Lanouzière, directeur général de l’Anact a présenté la nouvelle Revue des conditions de travail.
Croiser recherche théorique et expérimentations de terrain
Destinée à un public de chercheurs, de praticiens et de consultants, cette publication de quelque 200 pages publiée deux fois par an ambitionne d’approfondir et de renouveler le regard porté sur les évolutions du travail. Pour atteindre ces objectifs, elle emmènera ses lecteurs sur deux voies :
- La première empruntera le très riche matériau issu des expérimentations menées par le réseau Anact-Aract (notamment dans les PME) et des consultants en entreprises, comme autant d’expériences originales de conduite concertée du changement.
- La seconde prendra appui sur des contributions scientifiques issues des nombreuses disciplines convoquées par le travail et les conditions de son exercice.
Le sommaire du premier numéro, consacré à « l’organisation du travail face aux risques psychosociaux », illustre bien cette double approche en faisant alterner les contributions de chercheurs au CNRS, les universitaires avec les retours d’expérience de consultants privés et de responsables et intervenants de l’Anact. Force est de constater que cet aller-retour entre recherche théorique et expérimentations de terrain est fructueux et stimulant.
Pour ses promoteurs, « le pari de La Revue des conditions de travail est de faire discuter les intérêts singuliers avec les problématiques générales, les acquis théoriques avec les connaissances issues de la pratique… Face à la dispersion des savoirs, mais aussi devant la nécessité d’en créer de nouveaux, la rencontre de ces deux voies est seule à même de dépasser la déploration des dysfonctionnements et de proposer des pistes d’amélioration légitimes et pertinentes ».
Pour aller plus loin : le premier numéro de la Revue des conditions de travail est librement téléchargeable au format PDF sur le site Internet de l’Anact.
Extrait : RPS et mutation du travail
« Il est essentiel d’inscrire les R PS dans les dynamiques de changements organisationnels observées en entreprise. En effet, à notre sens, il ne sert à rien de déplorer indéfiniment les symptômes de R PS sans faire état des profondes mutations qui traversent aujourd’hui l’entreprise. Le travail évolue, se transforme. D ans certains cas, il accentue les pressions subies par les salariés. D ans d’autres, il sollicite l’engagement actif des mêmes salariés pour trouver des solutions à des problèmes inédits, conduire à son terme des projets complexes, assurer une relation de service à l’usager, etc. T outes ces nécessités intrinsèques au travail contemporain ne peuvent être résolues par un surcroît de prescription. L’engagement actif des salariés reste plus que jamais nécessaire pour assurer le fonctionnement des entreprises. Mais que se passe-t-il lorsque cet engagement se trouve bridé, voire entravé par des systèmes d’organisations rigides, découplés de la réalité vécue du travail ? D ifficile de ne pas interpréter la montée des R PS comme une réponse, incomplète, parfois même mauvaise mais inévitable, face à cette situation. Peut-être même que les RPS ne sont, au fond, que la conséquence de systèmes d’organisations qui ne laissent qu’une place mineure à l’expression de tous sur leur travail ? »
Pascale Levet, Directrice technique et scientifique – Anact, Thierry Rousseau Rédacteur en chef – Anact, avant-propos du dossier « l’organisation du travail face aux risques psychosociaux », in Revue des conditions de travail, n°1, octobre 2014.